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Quelques jours plus tard, au début du mois de Paophi…

Une chaleur infernale régnait sur le Double-Pays. La nuit n’apportait qu’une faible rémission au cœur de l’enfer. Dans les appartements réservés aux enfants, Khirâ dormait sur un lit de nattes tressées. Bien que son âge lui permît désormais de porter un pagne, elle était entièrement nue, incapable de supporter le moindre vêtement sur sa peau brûlante. Depuis quelques mois, elle avait abandonné la coiffure enfantine pour laisser pousser une chevelure abondante, d’un noir de jais, qui lui tombait sur les épaules. Ses traits délicats, sa bouche aux lèvres charnues et sensuelles annonçaient déjà la femme superbe en laquelle elle se métamorphosait.

Pour lors, Khirâ se souciait peu de sa beauté et de l’effet que sa sensualité juvénile pouvait exercer sur les hommes. Sa menstruation récente l’avait vivement contrariée. Elle n’en voyait pas l’utilité, même si Thanys lui avait expliqué les raisons de cette transformation. Elle envisageait d’un mauvais œil d’abandonner ses compagnons, leurs parties de chasse et leurs jeux vigoureux. Peut-être en raison des douleurs sournoises qui de temps à autre lui traversaient le ventre dans son sommeil, celui-ci était peuplé de cauchemars dont certains prenaient les couleurs d’une réalité effrayante.

Elle errait sur les rives du fleuve. Des silhouettes mouvantes et indistinctes l’accompagnaient. Le groupe fantomatique déboucha bientôt dans une clairière éclairée d’une lumière couleur de sang. Des cris d’enfants résonnaient, étouffés par une rumeur venue de nulle part, symbole de la menace angoissante qui pesait sur les lieux. Khirâ peinait à se mouvoir. Il lui semblait que ses membres étaient englués dans une boue épaisse, à la fois brûlante et froide. Quelqu’un lui tenait la main. Elle se détourna avec lenteur et reconnut sa sœur, Inkha-Es, la plus belle petite fille que Kemit ait connue. Mais elle était plus âgée : huit ans, peut-être dix. Khirâ reconnut le visage de sa mère, un visage déformé par la fatigue et l’angoisse. Autour d’eux évoluaient des ombres d’esclaves et une ribambelle d’enfants silencieux. Une sensation d’épouvante envahit Khirâ. Quelque chose n’allait pas, un danger terrifiant planait sur eux. Elle aurait voulu quitter cette clairière, retrouver la lumière, la fraîcheur de l’eau, la douceur des jardins du palais. Mais l’air paraissait gluant, visqueux… Soudain, tout sembla s’accélérer. La bouche de Thanys s’ouvrit sur un hurlement qui ne pouvait pas sortir. Khirâ fit brusquement volte-face, et aperçut Inkha-Es, la face couverte de sang, les traits déformés par la souffrance. Elle aurait voulu crier, mais une force insidieuse l’étouffa, enserra sa poitrine. Elle se mit à haleter. Une terreur liquide coula en elle lorsqu’elle vit un flot d’écarlate jaillir de la bouche de sa sœur, qui s’écroula sur le sol comme une fleur coupée.

Un hurlement strident explosa enfin, très près, très loin, déchirant le silence oppressant. Elle s’éveilla, la respiration hachée par l’angoisse, l’esprit en déroute. Puis elle poussa un nouveau cri ; une silhouette s’était matérialisée près d’elle, qu’elle ne reconnut pas immédiatement : Seschi. Le cœur battant la chamade, il lui fallut plusieurs instants avant de reprendre son souffle.

— Tu as crié ! dit le garçon.

Elle se jeta dans ses bras sans se rendre compte que ses joues ruisselaient de larmes.

— J’ai… j’ai fait un rêve horrible, sanglota-t-elle.

Elle lui raconta sa vision d’une voix hachée, puis le repoussa soudain avec brusquerie et se précipita dans la chambre de sa sœur. La fillette donnait à poings fermés, emberlificotée dans ses nattes comme à son habitude. Khirâ tomba à genoux près du lit. Elle adorait Inkha-Es. Seschi tenta de la rassurer.

— Tu as fait un cauchemar. Il fait tellement chaud…

— C’était réel, Seschi. Je ne sais même pas ce qui est arrivé. J’ai seulement vu son visage couvert de sang. On aurait dit que… quelque chose l’avait frappée. Crois-tu que l’on puisse lui vouloir du mal ?

— C’est impossible ! Notre père a anéanti ses ennemis il y a plusieurs années, et la paix règne sur Kemit. De plus, Inkha-Es n’est qu’une petite fille. Pourquoi voudrait-on la tuer ?

Il lui serra la main avec force.

— Et puis nous serions là pour la défendre, n’est-ce pas ?

Khirâ acquiesça en silence. Elle se pencha sur l’enfant, qu’elle réinstalla correctement sur son lit. Elle savait que c’était peine perdue. Dans quelques instants, Inkha-Es aurait repris l’une de ces poses fantaisistes qu’elle affectionnait, mais le contact de la peau tiède de la petite rassura quelque peu Khirâ. Avec des gestes doux, elle ôta de son cou le collier portant le nœud Tit, symbole de la protection d’Isis, qui ne la quittait jamais, et le passa à sa petite sœur. Celle-ci ne s’éveilla même pas.

 

Le lendemain, l’angoisse qui étreignait la fillette depuis son cauchemar ne l’avait pas quittée. Redoutant d’alarmer sa mère à tort, elle garda son rêve pour elle, et demanda à Seschi de tenir sa langue. Contrarié par le tourment dont Khirâ était victime, le jeune garçon lui proposa une partie de chasse en lisière du Delta, en limite septentrionale du nome des Murs Blancs. À cet endroit, le Nil se séparait en deux grands bras. Celui situé à l’orient prenait parfois les allures d’un grand lac sinueux, à partir duquel se tissait un réseau d’innombrables bras secondaires.

À cette époque de l’année, les champs auraient dû disparaître sous une étendue d’eau immense, dont seules émergeraient les hautes terres, les koms, sur lesquels étaient construits les villages. Mais le niveau du Nil n’avait pratiquement pas bougé, et les vastes plaines marécageuses se desséchaient lentement sous l’action implacable du soleil. C’était là, dans les fourrés de papyrus jaunis, que les jeunes nobles aimaient chasser les oiseaux au boomerang, à l’arc ou au filet.

Seschi avait une préférence pour le boomerang, ou bâton de jet, qu’il projetait avec une force et une précision extraordinaires. À douze ans, il avait presque atteint la taille d’un homme, et promettait de devenir un colosse encore plus puissant que son divin père.

D’une force peu commune pour un garçon de son âge, il n’hésitait pas à se mesurer avec des adolescents de quatre ou cinq ans plus vieux que lui. Bien peu lui résistaient.

D’un tempérament curieux et enthousiaste, il se passionnait pour tous les domaines, assaillant le pauvre Nemeter de questions. Il émanait de lui une force de vie qui rappelait un peu la puissance d’un cyclone. Généreux et altruiste, il témoignait à l’égard de ses sœurs d’une tendresse parfois brusque et maladroite. La rivalité qui de temps à autre l’opposait à Khirâ ne s’était pas atténuée avec le temps. Comme par le passé, il leur arrivait encore de s’affronter, voire de se livrer à quelques vigoureuses empoignades. Bien qu’il la dominât de deux têtes, Khirâ n’hésitait jamais à bondir sur lui lorsque la tension explosait. Cela ne les empêchait pas de s’aimer profondément. Seschi ne supportait pas de la voir malheureuse. L’angoisse sourde qui la tenait depuis la nuit dernière l’embarrassait, et il ne savait que faire pour la distraire.

Entre ces deux tempéraments débordant d’énergie, Akhty-Meri-Ptah faisait preuve de pondération. D’un tempérament posé, calme et observateur, il modérait les excès de ses aînés. Il leur avait plus d’une fois évité de se fourrer dans les pièges invraisemblables où les entraînaient leurs esprits imaginatifs. Cependant, rempli d’admiration et d’affection pour eux, il n’envisageait pas de gouverner plus tard sans leur concours. Bien que de trois ans leur cadet, il paraissait plus âgé qu’eux. Cette sagesse devait beaucoup à l’enseignement de son précepteur, Anherkâ, compagnon de Nemeter et d’Imhotep. Les oracles ayant déterminé qu’il était le seul véritable héritier des Deux Couronnes, il était instruit dans l’art de gouverner et dans l’étude de la théologie, domaine qui le passionnait particulièrement.

Dans son esprit, il envisageait déjà sa future cour. Côté cœur, la question ne se posait même pas : il épouserait Mina, sa sœur de lait. Nourris au même sein, ils ne s’étaient jamais séparés. Il régnait entre eux la même complicité que l’on connaît aux jumeaux, et il ne voyait pas une autre fille partager sa couche. Nâou, d’un an son aîné, était pour lui comme un second frère. Il en ferait son grand vizir, car il avait hérité de l’esprit inventif de son père.

Seschi prendrait le commandement de la marine. Akhty n’ignorait pas qu’il était passionné par les bateaux, particulièrement ceux capables d’affronter la Grande Verte. Souvent, Seschi entraînait la petite bande sur les quais de l’oukher, lorsque de lourds navires chargés de bois et d’épices arrivaient du lointain Orient. Là, il bavardait avec les marins, les interrogeait sur la structure du vaisseau, demandait à le visiter, ce qu’on ne lui refusait jamais. À douze ans, Seschi connaissait les différentes pièces d’un bateau aussi bien que les meilleurs navigateurs.

 

Seschi et Akhty poussèrent un double hurlement de triomphe lorsque la flèche de Khirâ atteignit le héron en plein vol. Sous les regards admiratifs de la petite bande, la jeune fille s’avança d’un pas léger vers l’endroit où était tombé le volatile, suivie par le groupe d’enfants enthousiastes. Une demi-douzaine de guerriers commandés par Kebi, le capitaine que Djoser avait désigné pour leur protection, les accompagnait. Les rudes hommes de troupe ne pouvaient s’empêcher d’éprouver un trouble équivoque devant la beauté de leur princesse. Malgré ses douze ans, sa silhouette élancée était déjà celle d’une femme. Vêtue d’un pagne de lin blanc très fin, elle rayonnait de beauté et de sensualité, avec d’autant plus de naturel qu’elle n’y prenait pas garde. Ses jambes longues et fines faisaient penser à une gazelle dont elle avait la démarche souple et gracieuse. Ses yeux, soulignés par le khôl et la poudre de malachite, s’ourlaient de longs cils dont elle ignorait le pouvoir de séduction. « Les plus beaux yeux du monde », estimaient les jeunes courtisans attirés aussi par sa poitrine naissante. Mais Khirâ se souciait peu de l’effet qu’elle produisait sur les hommes. Si son corps était celui d’une femme en formation, son esprit demeurait celui d’une fillette. D’un geste vif, elle arracha la flèche qui avait tué le héron. Puis elle contempla le fleuve à peine élargi par la crue modeste. L’endroit où elle se trouvait aurait dû être recouvert par les eaux depuis plusieurs jours.

Soudain, un spectacle insolite attira son attention. En aval du bras oriental, trois navires remontaient en direction de la capitale, mollement poussés par un faible vent du nord. Intriguée, la petite troupe se rapprocha de la rive avec des cris d’excitation.

— Regardez ! s’écria Seschi. Ce ne sont pas des vaisseaux égyptiens.

Khirâ demeura à l’écart. Sans raison apparente, une obscure sensation de malaise s’était emparée d’elle, semblable à celle qui l’avait saisie le jour où le khamsin s’était levé sur le désert, juste avant la sécheresse. Son pressentiment ne l’avait pas trompée. Depuis que le fléau s’était installé sur le Double-Pays, elle avait assisté à des scènes terrifiantes : elle avait vu les feuilles des grands arbres jaunir, se dessécher, comme brûlées par un feu sans flammes ; elle avait vu les eaux sombres du fleuve-dieu charrier des charognes d’animaux. Lors d’un voyage dans le Sud, où elle avait accompagné le roi, elle avait vu les crocodiles se disputer les cadavres décharnés d’êtres humains ; elle avait vu des enfants mourir de faim, le regard brûlant de fièvre et les côtes saillantes ; elle aurait voulu les aider, leur offrir de quoi manger et survivre. Mais son père lui-même ne pouvait secourir tous les pauvres harcelés par la famine. Malgré ses efforts, dans certains nomes, nombre de familles n’avaient plus de quoi se nourrir.

Sa nature généreuse avait refusé les souffrances et le désespoir des Égyptiens, qu’elle devinait derrière leur courage et leur obstination. Mais elle se sentait impuissante à lutter contre le fléau. Au fil des années, elle avait senti son enfance se défaire lentement, s’effilocher, un peu comme on se dépouille d’un vêtement usé. Derrière le masque des jeux et de l’insouciance, même si elle avait toujours voulu l’ignorer, la femme qu’elle portait en elle se développait inexorablement. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle dédaignait les regards appuyés des hommes sur son corps, qu’elle s’accrochait avec une sorte de désespoir farouche à ses jeux, à ses parties de chasse insouciantes dans les marais. Elle savait pourtant qu’elle n’arrêterait pas le cours des choses.

La vue des navires inconnus lui causait une impression bizarre. Une voix intérieure lui hurlait de fuir, de se cacher. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle sentait que ces navires dissimulaient une menace qui la concernait directement. Pourtant, une curiosité irrépressible la clouait sur place. Elle entendit Seschi commenter les caractéristiques des trois bateaux mus chacun par une soixantaine de rameurs, mais elle ne comprit pas tout ce qu’il disait. Elle se traita de sotte. Quel danger pouvaient représenter ces vaisseaux étrangers face à la flotte imposante qui protégeait Mennof-Rê : une centaine de navires de guerre qui constituaient sans doute l’armada la plus puissante du monde connu…

Fièrement campée sur ses jambes de gazelle, inconsciente de la séduction qui se dégageait de sa silhouette juvénile, elle observa les visiteurs. Elle distingua clairement les personnages debout à l’avant du navire de tête. L’un d’eux attira aussitôt son attention. C’était un jeune homme au visage long et fin, aux yeux curieusement étirés vers les tempes, et vêtu d’une cape rouge. Près de lui se tenait un homme plus âgé, aux cheveux blancs. Attiré par son regard, le jeune homme la fixa à son tour. Mal à l’aise, Khirâ pensa s’enfuir. Mais une force supérieure la retenait. Elle se sentait comme un oiseau hypnotisé par un serpent. L’inconnu ne détacha pas son regard avant que le vent n’eût emporté les vaisseaux hors de vue. Un moment, il lui avait semblé voir ses yeux s’allumer d’une lueur rouge. Mais peut-être s’agissait-il d’un reflet du soleil sur les remous du fleuve.

Une réflexion d’Akhty la tira de sa méditation.

— Je n’ai jamais vu de navires semblables ! D’où viennent-ils ?

Nâou lui fournit la réponse.

— Sans doute de Chypre. On a annoncé la visite du roi de cette île.

— Alors, rentrons ! s’exclama Seschi. Nous arriverons à temps pour les voir débarquer.

Un concert d’enthousiasme lui répondit. Ce fut alors qu’il remarqua le malaise de Khirâ.

— Eh bien, petite sœur ! Tu ne veux pas venir ?

— J’ai peur, Seschi, J’ai croisé le regard de l’un d’eux. Ce n’était pas le regard d’un humain.

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